Le Château de Saint Bonnet Le Froid
Résumé
Le Hameau de St Bonnet, situé à 750 m d’altitude, au carrefour de 4 communes, est le centre d’un grand domaine établi de part et d’autre de la route des Crêtes des Monts du Lyonnais, entre le Col de la Luère et le Col de Malval, à 20 Km à l’Ouest de Lyon.
Un site habité très ancien
Ce site est habité depuis la plus haute antiquité et a tenu à la fois le rôle de relais sur la voie romaine d’Aquitaine, de centre religieux, d’abord païen puis chrétien, enfin d’exploitation agricole. [1] Par la suite, la route d’Aquitaine changea de tracé pour adopter à peu près l’actuel tracé de la RD389, tant les conditions de franchissement étaient difficile l’hiver.
Ce triple rôle est bien marqué encore aujourd’hui par les bâtiments, tous d’origine très ancienne : le château, ancienne résidence des Abbés bénédictins de Savigny ; la Chapelle, fondée aux premiers temps de notre ère sur un lieu de culte druidique et centre actif de pèlerinage à la Vierge et à St Bonnet ; enfin la ferme dont l’auberge est la descendante directe de la « mansio » romaine, première halte depuis Lyon sur le chemin de Bordeaux. Le domaine, autrefois très isolé, pouvait vivre en autarcie, ce qui explique le grand développement des bâtiments de la ferme, qui était la plus importante de la région et la présence de fours à pains et d’une forge.
Des bâtiments adaptés à la situation
Un site escarpé et un climat souvent rude justifient la disposition des bâtiments et de leurs abords, qui s’adaptent à la pente par un jeu multiple de terrasses, d’escaliers et sont protégés du vent du Nord, tout en préservant les vues panoramiques lointaines sur le Beaujolais et le Lyonnais. Ce panorama, vanté par maints auteurs et comparé aux paysages italiens de Toscane ou d’Ombrie, est une composante majeure des jardins aménagés au cours des âges par les propriétaires successifs de St Bonnet : les moines de Savigny jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, la famille Blanc de St Bonnet au XIXème et la famille Grange-Chavanis aujourd’hui.
Il est indéniable que la disposition actuelle des lieux a été conçue par les bénédictins de Savigny : jardin clos à l’Est, terrasses plus ouvertes à l’Ouest accompagnant la Voie d’Aquitaine que borde un énorme frêne, sans doute antérieur à la Révolution. De même le système hydrographique qui comprend une dizaine de puits, fontaines, et bassins, date de l’époque monastique, la source sacrée étant même en usage depuis l’antiquité. Les occupants Le philosophe A.J. Blanc de St Bonnet remit en valeur une première fois le domaine entre 1840 et1880, créant un vaste "parc agricole" à l’anglaise et complétant la forêt originale, formée de feuillus et de pins, par la plantation de milliers de résineux (sapins, douglas, épicéas, mélèzes). De très beaux cèdres (en particulier celui situé au Sud, de l’autre côté de la Route des Crêtes sur le chemin de l’ancien potager) témoignent aujourd’hui de cette époque. Enfin, après une période de semi-abandon et le terrible hiver 1956 qui détruisit de nombreux arbres séculaires. Monsieur et Madame Paul Grange-Chavanis ont donné aux jardins actuels leur physionomie à partir des années 1960. Le jardin clos a été replanté de pins et de cyprès et agrémenté de nombreux arbustes et plantes vivaces qui assurent en toutes saisons un fleurissement varié.
Quelques haies taillées structurent l’espace et deux baies ogivales percées dans le mur d’enceinte, permettent d’embrasser l’horizon. Une terrasse à l’Ouest a été ornée d’un parterre de buis dans l’esprit de la Renaissance, ponctué d’ifs topiaires coniques, en contrepoint à la Voie d’Aquitaine simplement gazonnée qui court en pente douce vers la forêt. Des hortensias et des fougères accompagnent l’austérité des murs de soutènement du Château et de la Chapelle. Les volées d’escaliers qui mènent de l’entrée à la Chapelle à travers les terrasses de l’auberge, ainsi que le jardin clos, sont ornées à la belle saison de plantes en pots de terre cuite en provenance de Toscane, comme le bouquetin topiaire de troène qui broute dans le jardin de buis, évocation du pittoresque et de l’humour qui régnaient dans les jardins de la Renaissance. La tempête de décembre 1999, après celle de novembre 1982, a épargné à peu près les jardins et les bâtiments mais a lourdement frappé la forêt et déraciné en particulier le plus vieil arbre du domaine, un chêne tricentenaire. Pour les amateurs de patrimoine authentique, l’aspect un peu artificiel des constructions médiévales est un peu déconcertant. Mais c’est justement ce qui fait la richesse historique de cet endroit. De tous temps, il fut un lieu de vie qui, au fil des époques s’est adapté à rester finalement un ensemble à la fois très agréable à vivre, et qui fourmille de témoignages d’une occupation très anciennes. De nos jours, il conserve cette mission : un restaurant ouvert quatre jours par semaine permet de profiter de l’environnement, par l’accès libre et gratuit à la chapelle et d’avoir un aperçu extérieur des jardins. Il est également possible de faire une visite (payante), passionnante, sous la conduite de Monsieur Jean-François Grange-Chavanis qui sait faire profiter les visiteurs de sa connaissance parfaite des lieux, et d’un érudition sans faille.