Alexandre de la Tourette
Résumé
Le premier propriétaire connu de la Tourette à Eveux (Rhône), a été messire Alexandre de la Tourette, dont on trouve mention sur une carte terriste « Mre Alexandre de la Tourette, président de la cour des monnaie à Paris. Conseiller du roi, président des ses monnoyes »
Qui était Alexandre de la Tourette ?
Qui était et d’où venait cet Alexandre de la Tourette (ou Thourette) ?
Nous ne savons pas à quelle date il est devenu propriétaire de la maison forte de Montagny, nom du lieu avant qu’il apporte le nom de Tourette.
Le hasard des recherches fait que celui qui se nomme Alexandre de la Tourette est en 1553 Conseiller et en 1556, Président de la Cour des monnaies de Paris. (Nous sommes sous le règne de Henri II, fils de François Ier).
Il aurait donc été le premier Président de la cour des Monnaies de Paris, celle-ci ayant été installée en 1553 comme cour souveraine. Auparavant la Chambre des monnaies dépendait directement du Roi. (cf annexe La Cour des monnaies)
Un hôtel qui est l’actuel Petit Luxembourg, a été construit pour lui en 1553 ; il ne le conservera que 11 ans car, poursuivi par ses créanciers, l’hôtel sera vendu en 1564.
Le Petit Luxembourg,
« Le président Alexandre de La Thourette, avait fait construire sous François 1er un hôtel qui saisi par ses créanciers fût adjugé en 1564 à Jacqueline de Morainvilliers, veuve de Robert de Harlay de Sancy, laquelle le céda en 1570, moyennant 1000 livres de rente, à François de Luxembourg, prince de Tinguy. Son fils François de Luxembourg, prince de Piney, vendit l’hôtel et le domaine dits de Luxembourg, à Marie de Médicis le 2 avril 1612 moyennant 90000 livres » (extrait de « histoire de Paris pittoresque »).
« Le Palais du Luxembourg. 1612. Pour se construire une résidence Marie de Médicis(1573-1642) achète (90.000 livres tournois), à Saint-Germain-des-Prés, le domaine du Duc de Luxembourg qui comprend un hôtel : Le Petit Luxembourg, construit au milieu du XVIe siècle pour Alexandre de la Tourrette, président de la cour des monnaies en 1553. Racheté en 1564 par Jacqueline de Morainvilliers, veuve du conseiller au Parlement Robert de Harlay, l’hôtel échoit ensuite au duc François de Luxembourg… » (extrait de Quid – ed. 2005 p. 858)
A la Révolution, le Petit Luxembourg est confisqué comme bien national.
1795, Résidence des Directeurs.
1800, résidence de Bonaparte.
Après 1804, logement des grands dignitaires de l’Empire.
1871, Cour martiale pour juger les Fédérés.
1871-1879, logement du Préfet de la Seine.
1940-1944, occupé, puis résidence du Président du Conseil de la République et depuis 1958, résidence du président du Sénat. (extrait de Quid).
Les recherches effectuées auprès de la Monnaie de Paris pour en apprendre plus sur cet Alexandre de la Tourette, n’ont pas donné de résultat, ni la recherche faite auprès des archives du Sénat. Néanmoins on relève sur le site des ordonnances monétaires françaises deux arrêts de 1553 et 1556 :
25 février 1553 – « Arrêt de la Cour des monnaies chargeant le conseiller Delatourette de se rendre à Villefranche de Rouergue pour instruire la cause sur les prévarications des officiers de la dite Monnaie » – .
2 mai 1556 – « Visite du président Alexandre de la Tourette dans les pays de Champagne, Bourgogne, Bresse, Savoie et Piemont.
Comme en témoigne la carte terriste, c’est lui qui a donné son nom a la maison forte et au domaine qui s’appelait jusqu’alors : Montagny.
Lecture du texte :
« Rente du château de la Tourette. Terrier Cartier. Reconnaissance passive de fonds que Mre Jacques Claret écuyer, seigneur de la Tourrette et Fleurieux, conseiller du roi en la sénéchaussée et siège présidial de Lyon, tient et possède de la rente noble dud. La Tourette Art. 1er.
Son château fort flanqué de deux tours en défenses, consistant en maison haute moyenne et basse, salles chambres, cuisine dans laquelle il y a une fontaine, chapelle, cour, jardins, cellier, granges écuries, deux colombiers, pressoir, caves, maison pour le granger et autres aisances, appartenances vignes verger, jardin appelé le grand jardin, le tout joint et contigu appelé anciennement Montagny et à présent La Tourette (P(aroi)sse d’Eveux, le tout clos de murs.
9f des 1er et 3e articles ; et la réponse de noble et sage personne Mre Alexandre de la Tourrette conseiller du Roi président de ses monnayes faites devant led. Me Carrand notaire royal le 17 janvier 1576….. »
En quelle année « Alexandre » est présent à la Tourette ? On se rappelle que son hôtel parisien a été vendu en 1564. En 1575 il publie à Lyon un ouvrage philosophique comme aimaient tant le faire les esprits éclairés, qui a pour titre « Bref discours des admirables vertus de l’or potable ; Lyon Pierre Roussin 1575. »
(voir en annexe ce que les alchimistes entendaient par « or potable »).
A la Tourette il reste un seul témoin sculpté dans la pierre, un blason sur la cheminée de la cuisine.
Famille Alexandre :
Vers 1635 nous trouvons un mariage entre Nicolas Alexandre et Catherine Chiron
Nicolas Alexandre de Bellefleur, écuyer se rendit acquéreur de la seigneurie de Tavernost sur la commune de Cesseins, en 1581 au prix de 78550 livres et la transmit à sa fille Catherine.
Catherine (vers 1619- 1682) se marie en 1639 avec Jacques Bellet (1622-1690) et lui apporte la seigneurie de Tavernost. Jacques Bellet était aussi seigneur de Cruix, Cesseins, la Plaine à Dracé et de Prosny à St-Laurent d’Oingt.
Ce qui est curieux c’est que plus tard en 1801, Louis-Pierre Bellet de Tavernost (1760-1851), achètera la Tourette aux Claret de Fleurieu.
Est-ce que Catherine Alexandre est une descendante de notre Alexandre de la Tourette ?
C’est fort probable si on se réfère aux armes de la cheminée qui représentent une « belle fleur »!
Ce blason est une alliance entre les familles Alexandre et de la Teyssonnière. Parti au premier :Emanché d’or et de gueule, qui est de la Teyssonnière, au deuxième : de ….. à une fleur tigée et feuillée d….., qui est d’Alexandre, le tout dans une couronne de lauriers.Mais il y a un vide dans la généalogie entre Alexandre (dont nous ne connaissons pas le prénom) et Nicolas acquéreur de Tavernost, vide que peut-être nous expliquerons un jour.
La question restée sans réponse est : d’où est originaire Alexandre de la Tourette, autrement dit où se trouve le lieu appelé La Tourette, importé à Eveux par le sieur Alexandre.
Annexes
Rappel des propriétaires successifs de La Tourette vers 1570 ? Mre Alexandre 1652 – Jean Michon 1681 – Famille Claret 1801 – Bellet de Tavernost 1873 – De Jerphanion 1878 – Duplay 1883 – Murard et de Chabannes 1943 – DominicainsLa Cour des monnaies
« Droit régalien par excellence, la fabrication des monnaies a très tôt fait l’objet d’une surveillance étroite. D’abord exercée par les généraux des monnaies, celle-ci a été confiée en 1346 à une juridiction particulière, la Chambre des monnaies, établie en 1358 au Palais de la Cité. Les appels des sentences de la Chambre des monnaies ont été portés au Parlement jusqu’à janvier 1552, date de son érection en cour souveraine sous l’appellation Cour des Monnaies.
A partir de 1552, la Cour des Monnaies connaît donc souverainement et en dernier ressort tant au civil qu’au criminel, du fait de la fabrication des monnaies et par extension de l’emploi des matières d’or et d’argent ; elle juge tous ceux qui travaillent ou vendent des métaux précieux (monnayeurs, changeurs, orfèvres, mineurs, batteurs d’or, fondeurs, merciers, joailliers, etc…)
Une Prévôté générale des monnaies est créée par un édit de juin 1635 pour seconder la Cour des monnaies dans ses fonctions administratives et de police dans toute l’étendue du ressort de la Cour. Ce ressort ne comprend pas les territoires tardivement annexés au royaume, ainsi que les généralités relevant de la cour des monnaies de Lyon, instituée en 1704 et supprimée en 1771.
La Cour des monnaies est supprimée en 1791 avec les autres tribunaux d’Ancien Régime. »
Extrait de CHAN (Centre Historique des Archives Nationales) Archives de l’Ancien Régime, Guide général d’orientation.
Bibliographie Clémencet (Suzanne) « ZI b Cours des monnaies » Guide de recherches dans les fonds judiciaires de l’Ancien régime Paris 1958, p. 237-246.
L’or potable des anciens alchimistes
Liquide huileux et alcoolique qu’on obtient en versant une huile volatile dans une dissolution de chlorure d’or et qu’on regardait autrefois comme un cordial et un élixir de santé ; il est sans vertu. (Littré).
L’or a toujours fasciné les hommes :
Pline écrivait : « puisque l’or est inaltérable et éternel, il doit pouvoir apporter des grands bienfaits au corps humain. Il suffit de rendre l’or potable pour pouvoir le prendre sous forme de potion et ainsi guérir, voire prolonger la vie »
Paracelse (1493-1541), médecin et alchimiste suisse voyait dans ce métal un remède aux problèmes cardiaques.
On pourrait multiplier les exemples de l’usage de l’or.
L’or potable a toujours été un mystère pour ceux qui se sont intéressés tant soi peu à l’alchimie. On le disait pourvu de propriétés miraculeuses pour guérir les maladies les plus rebelles, régénérer l’organisme et assurer un grand age à son détenteur.
On trouve en général une confusion entre l’or potable et l’élixir de vie, c’est-à-dire une décoction soluble de pierre philosophale (…)
La vérité est, hélas beaucoup plus prosaïque et l’or potable ne semble plus guère avoir de vertu.
Beaucoup d’alchimistes ont vainement cherché la formule et les publications sont nombreuses sur le sujet, mêlées de philosophie et d’ésotérisme.
Alchimie – définition : Science occulte centrée sur la recherche d’inspiration spirituelle, ésotérique, d’un remède universel (élixir, panacée, pierre philosophale), capable d’opérer une transmutation de l’être, de la matière (et notamment la transmutation en or des métaux vils)
Encycl. L’alchimie occidentale née à Alexandrie et transmise à Europe par les Arabes prospéra du XIIème au XVIIème siècle (avec Albert le Grand, Roger Bacon, Nicolas Flamel etc.). (Larousse)
Pierre Forissier