Les guerres, conflits et invasions

Ode à l’Arbresle

Résumé

Il se nommait Pierre Emile Prévost ; il était né en 1890. Il était le second fils de Prosper Prévost qui tenait une entreprise de plomberie zinguerie à l’angle des rues (aujourd’hui) Charles de Gaulle et Colonel Prévost. Son frère, Marius, devait s’illustrer sur les champs de batailles et devenir le colonel Prévost, né en 1893 et décédé en 1950.

Pierre Emile était professeur de gymnastique à l’Arbresle. Atteint pas un éclat d’obus à la poitrine, il devait succomber à ses blessures.

Le bois d’Avocourt, sur le front de Verdun

Comme tant d’autres et comme son frère, il fut envoyé au combat, et comme tant d’autres, il ne revint pas. Sur le front de Verdun, il fut mortellement blessé, au bois d’Avocourt, le 24 août 1916 ; il avait vingt six ans et demi. Le sergent Emile Prévost était titulaire de la croix de guerre et de la médaille militaire.

Voici le poème qu’il écrivit à ses parents en novembre 1915, poème qui exprime avec beaucoup de pudeur l’amour de sa petite patrie.

LETTRE DE BRESLOIS

Très bien portant, mais tout ému,
II vous écrit votre "poilu"
Devant le Boche en sentinelle ;
Mais, n’allez pas vous effrayer,
S’il est ému c’est de rêver
A son Arbresle !

Dame, ils doivent bien tous penser
Au cher pat’lin, au vieux clocher
Les petits breslois encore en ligne.
Aux "Rosalie" fiancée pour l’heure,
Lignards, Alpins, Zouaves, Chasseurs
Pas un n’rechigne.

N’allez pas croire, chers parents,
Que l’on n’a pas des agréments,
Dans ce long trou qu’est la tranchée
Avec le Boche on rit un brin
Jouant cache-cache au plus malin !
Place rêvée ?

Mais à jouer à ce jeu là
C’est dangereux : gare au fracas !
Plus d’un parfois mord la poussière,
Bah ! face à eux tomber n’est rien
Petits Breslois pour tes anciens :
Pas de face arrière !

Va, je la presse bien souvent
La médaille qu’en m’embrassant
Au cou tu me mis, bonne mère,
Par elle je brave la mort,
C’est un précieux passeport
Dam’ de Fourvière.

Bien chers, très fâché je ne puis
Causer très longtemps aujourd’hui :
Les Boches n’ont pas l’air tranquille,
Vite je vais vous embrasser.
Ils vont savoir que pour passer
C’est pas facile.

Emile PREVOST

fait en ligne devant LOMBARTZYDE (Flandres) les 7 et 8 nov. 1915
La fiche militaire de Pierre-Emile Prévost
Pierre-Emile et son frère Marius
Avocourt en ruines
Le cimetière d’Avocourt