Clos Landar – les origines
Résumé
Le Clos Landar : les origines
En fait la propriété existait déjà au XIIIème siècle
Grâce à des recherches de Maryannick Lavigne1 nous savons que « Reconnaissance de Guillaume Ruilly chevalier par laquelle il confesse avoir reçu et tenir en fief avec homage la maison appelée de la Cologne sise dans la paroisse de l’Arbresle avec ses dépendances, terres, possessions, rentes, servis, chasses, garennes que ledit Ruilly possède entre le chemin qui dessend de Tarare a Dorieu d’une part, la Brovene d’autre. […] Sauf 42 pies de terre arable que le dit Ruilly tient du fief de l’abbé de l’Ile-Barbe situées soubz la maison de la Cologne entre la Brovene et le chemin de l’Arbresle à Sambel[…] fait l’an 1287 et scellé ».
Le "Domaine des Collonges" au début du XXe siècle. Cette carte postale fut envoyée par le docteur Lalande à un ami sur le front, pendant la guerre de 14-18. La croix au 1er étage indique la chambre de Maître Philippe.
Cologne ou Collonges
Les minutes notariales sont toujours très précieuses. Merci aux archives départementales de pouvoir les dépouiller et d’en extraire la substantifique moelle.
En remontant le temps jusqu’à l’Ancien Régime, ces Messieurs les Notaires ont laissé leurs traces dans la ville. Maître Dominique Raymond, successeur de Jacques Dalbepierre à Ancy est autorisé par la Sénéchaussée en 1763 à transférer sa charge à l’Arbresle où l’office de Me Dugoyard est vacant. Il y est reçu en 1764 et y reste jusqu’en 1782 où il démissionne et vend l’office à Claude Lacroix qui lui va exercer pendant toute la tourmente révolutionnaire et s’éteindre en 1812 en devenant le premier pensionnaire du cimetière de Fleurieux- L’Arbresle dont la tombe quelque peu mutilée existe toujours.
Une maison à achever
En compulsant les archives de Me Claude Lacroix il apparaît à la date du 15 juillet 17902 une donation à allure de testament faite par Me Dominique Raymond ancien notaire royal et maire actuel de l’Arbresle à son fils Gaspard Dominique Raymond seul représentant masculin de sa lignée, pratiquement tous ses biens, constitués par des meubles, immeubles, droits, maison, actions, les dits immeubles situés tant dans la paroisse de l’Arbresle que dans les paroisses avoisinantes, donation faite néanmoins sous certaines conditions.
En effet il faut préserver les intérêts des autres membres de la famille en particulier les sœurs de Gaspard nées comme lui du 1er mariage de Me Dominique et de la seconde épouse de ce dernier. Dans les attendus de la dotation une recommandation visant à faire exploiter dans les bois du domaine « la quantité d’arbres qu’il jugera nécessaire pour achever la maison qu’il a fait construire dans le domaine de Collonge pour le parachèvement de laquelle, attendu qu’elle fait partie de la présente donation. Suit une énumération de tout le mobilier, literies, vaisselle, linge, dans l’office un grand buffet avec une pierre noire, pompes, cuves, etc.
La conclusion vient d’elle-même : la maison de Collonge a été construite entre 1782 et 1790 pour avoir une fourchette valable.
Me Dominique Raymond est décédé de mort naturelle avant 1794 (Il ne fait pas partie des Guillotinés de la Révolution et Gaspard Dominique Raymond, licencié en droit, hérite de tous les droits paternels. Il est marié et a au moins quatre enfants. On suit ses transactions qui se font chez Me Claude Lacroix et il achète un jardin et une chènevière à l’Arbresle le 17 thermidor an IV (4 août 1796), vend une petite maison avec jardin attenant le 22 brumaire an VI (12 novembre 1797) vend du terrain à Claude Zacharie, entrepreneur de bâtiments à l’Arbresle (est-ce lui qui a construit la maison ?) le 11 germinal an IX (1er avril 1801). Une dernière transaction le 18 frimaire an 14 (9 décembre 1805). Il disparaît vraisemblablement dans les années 1808-1809.
Un acte qui décrit la propriété
C’est le 11 novembre 1809 que les héritiers de Gaspard Dominique Raymond se manifestent toujours chez Me Lacroix et le 18 juin 1810 a lieu la vente « d’un domaine appelé Collonge situé en la commune de l’Arbresle département du Rhône composé de prés, terres, vignes, jardins, avenue, allées, terrasses et pièces d’eau et enfin de plusieurs corps de bâtiments au milieu desquels est la cour où se trouve une pompe en plomb, lesquels bâtiments consistent en une maison bourgeoise, en plusieurs caves, écuries, fenil, remises et enfin un grand tenailler (cuvage – ndlr), dans lequel sont deux grandes cuves de la teneur de 80 hectolitres environ chacun, et d’un pressoir garni de ses cordes et agrès ».
Le puits est toujours là et alimente la maison en eau potable
Cette vente est faite par Anne augustine Raymond épouse de Abel Claude Marie Denis et sa sœur Marie Françoise Raymond épouse de Jean Pierre Duplan, toutes deux filles de Gaspard Dominique et agissant pour elles et un frère et une sœur, des conditions étant faites à dame Chardon veuve de Gaspard Dominique et à Dame Quin la deuxième épouse de Me Dominique Raymond.
C’est Me Jean Antoine Durand–Fornat, Avoué, licencié en droit demeurant à Lyon qui en devient le propriétaire
La transaction suivante n’aura pas lieu chez Me Claude Lacroix qui a disparu en 1812. Elle se situera chez Me Jean Claude Tavernier le 11 novembre 1818.
Le domaine de Collonge va passer entre les mains de Me Pierre Lacour et de dame Anne Guillot son épouse domiciliés à Lyon.
L’apparition des Landar
Les époux Lacour vont s’installer dans la Loire à St Etienne et de là ils vont vendre le 19 novembre 1827 le domaine de Collonge à M. Pierre Fleury Landar1, dans l’étude de Me Alexis Jean Marie Lacroix, fils de Claude et notaire à Lentilly.
Reste à élucider la transaction faite par-devant Me Guillermin, notaire à Lyon entre Jean François Augustin Dalbepierre et Me Alexis Jean Marie Lacroix le 8/02/1819
Le domaine de Collonge (Collonge sur Arbresle comme disait Maître Philippe) se compose de deux entités l’une contenant le clos Raymond-Landar et l’autre non négligeable englobant ce que l’on a appelé par la suite le Champ d’Asile.
Les corps de bâtiments correspondent bien aux actes notariés
Ce domaine que l’on situe bien grâce à la pièce d’eau qui dans l’inventaire se situe de l’autre côté de la route de L’Arbresle à Savigny (cette pièce d’eau était la propriété des époux Besson dans les années 1960-1970), ce domaine dis-je appartenait dans les années révolutionnaires à JFA Dalbepierre, originaire de Châtillon d’Azergues (y a-t-il une corrélation entre l’ancien notaire d’Ancy et le fougueux patriote arbreslois ?) Il semble que criblé de dettes et d’hypothèques il a vendu une grande partie de ses terrains et de ses bâtiments au notaire déjà nommé qui lui-même les revendra lors de la journée folle du 15 décembre 1836 où 17 parcelles seront vendues le même jour par le même notaire à JM Lacroix au trio Landar–Sainclair-Vincent et qui finira par tomber dans l’escarcelle de la famille Sainclair puisque l’appellation de l’ancienne rue Sainclair (actuellement rue Joseph Charvet) lui avait été donnée car elle conduisait à la propriété Sainclair (avant l’installation rue Pierre Sémard) propriété où on a retrouvé une marque significative de cette famille.
Où l’on retrouve Maître Philippe
Après Pierre Fleury Landar (1792-1849), c’est son fils Jean Michel (1826-1870) qui hérita du domaine puis sa fille Julie (1859-1939) qui épousa Maître Anthelme Nizier Philippe (1849-1905). Leur fille Jeanne Victoire morte prématurément (1878-1904) avait épousé le Docteur Lalande qui continua dans la ligne ésotérique de son beau-père.
Veuf il se remaria avec la veuve Marshall et c’est une fille du 1er mariage de cette dame qui en épousant M. Charles Dosne a perpétué avec son fils le devenir de cette maison bourgeoise.
Antoine Meunier