Domaine de la Ponchonnière
Résumé
Le lieu-dit La Ponchonnière, nous est surtout connu actuellement comme étant le nœud de la vie industrielle de notre région Arbresloise, ainsi que par l’Aqua Centre qui fait la joie des amateurs de baignade.
Mais, la Pontchonnière c’est, à l’origine, une propriété rurale, dont les bâtiments sont toujours blottis au fond de l’allée de la Pontchonnière. C’est l’histoire successorale de cette propriété que nous conte Antoine Meunier.
C’est le domaine de la famille Pignard qui a habité ce lieu-dit jusqu’à nos jours où une branche y réside encore. Un des premiers représentants a pour prénom Etienne qui, né à la fin des années du siècle de Louis XIV, s’établit avec son épouse Marguerite Gingeyne. De leur nombreuse famille, quatre enfants au moins survécurent.
L’aîné, Jean Baptiste, marié à Marie Giraud de Fleurieux-sur-l’Arbresle, semble avoir hérité du domaine en 1763 à la mort de son père.
Décédé en 1790, Jean Baptiste eut lui aussi une nombreuse famille et des contestations surviennent lors de la succession (étude Me Després, 16 messidor an IV). Le domaine ou une partie du domaine échut encore à la branche aînée représentée par un autre Etienne Pignard, fils de Jean Baptiste et marié à Anne Dufour.
Etienne disparut en 1819 en laissant un testament :
Copie du testament Pignard.
« Testament du Sieur Etienne Pignard, le 9 janvier 1819, décédé le 11 du même mois.
Par-devant nous Claude Chazy, notaire royal à la résidence de l’Arbresle, et la présence des témoins ci-après
Sieur Etienne Pignard, demeurant au lieu de la Ponchonnière, commune de l’Arbresle, lequel détenu au lit pour cause de maladie, néanmoins sain et libre d’esprit, a requis qu’il nous plaise rédiger son testament nuncupatif et ordonnance de dernière volonté:
1°) J’invoque la Divine Providence et fais élection de ma sépulture au lieu à ce destiné. Je veux et entends qu’il soit célébré â mon intention, dans l’église de l’Arbresle, cent messes de l’office des trépassés, moitié grandes, moitié basses, incontinent mon décès; et, outre les services du jour de mon enterrement, quarantaine, et au révolu, le tout aux frais de mon héritier ci-après nommé.
Suivent les noms des témoins Pierre Pignard fils héritier, Anne Dufour mon épouse héritière.
Lu en présence des témoins; Antoine Roche, Jean Brun, Pierre Chambon, tous trois propriétaires cultivateurs demeurant au lieu de Louhans, et Gaspard Pélisson demeurant au lieu du Grand Champ, commune de Savigny «
Suit la distribution détaillée du mobilier.
En fait la succession ne fut exécutée que quatre ans plus tard et ne manière fort différente. Un partage en cinq lots eut lieu le 11 janvier 1823 qui nous est relaté par un texte notarial de Me Desprès.
Le tirage au sort donna le 1er lot à Dame Jeanne Marie Pignard, veuve de Antoine André Vautheron de Chaponost ; le 2ème lot à Dame Denise Pignard, épouse de Antoine Dutour, propriétaire à Savigny, lieu de Combarivot (?) ; le 3ème à Mlle Marie Pignard de Saint-Symphorien le Château (sur-Coise), le 4ème lot à Mlle Pierrette Pignard, de l’Arbresle et le 5ème à M. Pierre Pignard époux de Marie Bourrat, tout ceci en présence de Clair Auguste Gonin, percepteur et de Pierre Marie Sainclair, marchand épicier et futur maire de l’Arbresle, deux des notables de la ville.
Le lot le plus important semble être celui de Pierrette si l’on se réfère au cadastre de 1829.
Lorsqu’en 1866, Pierrette demeurée célibataire et résidant comme propriétaire cultivatrice à St Symphorien-sur-Coise rédige son testament chez Me Jouvains, elle donne à son neveu Pierre Marie Pignard, célibataire également qui cultive les terres de sa tante «un domaine situé sur la commune de l’Arbresle et de Savigny et dont le chiffre d’exploitation se trouve au lieu de la Ponchonnière formant divers tènements », ayant ensemble une contenance de 12 hectares et 70 ares comprenant bâtiments d’habitation et d’exploitation, cour, aisances, jardin, terres, prés, vignes et bois.
Ces domaines appartiennent à Mademoiselle Pignard, partie par suite de l’attribution qui lui a été faite par le partage de biens de Etienne Pignard son père fait par acte reçu par Me Després, notaire à l’Arbresle cri date du 11 janvier 1823, et le surplus pour l’avoir recueilli de la succession de Mlle Marie Madeleine Pignard, sa sœur qui l’a instituée légataire universelle (testament : Me Passaquay, notaire à St Symphorien-sur-Coise),
Une rente viagère et des donations particulières à ses neveux et nièces complètent ce testament, sans intérêt pour le domaine. Pierrette Pignard décède à St Symphorien le 11 novembre 1878. Pierre Marie Pignard recueille cette succession puis celle d’une partie de ses parents, les époux Pignard/Bourrat, de ses frères et sœurs en particulier de Pierre Ennemond Pignard, charcutier de son état (qui avait épousé la fille d’une ferme voisine Marguerite Frédolière, dont le monument funéraire existe toujours au cimetière de l’Arbresle).
Au décès de Pierre Marie Pignard, le 11 février 1890, la succession est lourde, les bâtiments en mauvais état et l’exploitation laisse à désirer. Trois des héritiers constitués par les frères et sœurs de Pierre Marie refusent la succession. Il s’agit de Jeanne Pignard, épouse de François Aimont, cordonnier à Lyon dont on reparlera, de Pierre Benoît Pignard, grand père de notre maire honoraire, et Jean Baptiste Pignard, boulanger au Bois-d’Oingt.
Les trois héritiers restant, à savoir Pierre Marie Alexandre Pignard, ancien boulanger et actuellement vigneron à Sain Bel et son épouse Pierrette Allagrolle, Pierre Ennemond Pignard et son épouse déjà mentionnée, Marie Claudine Pignard, veuve de François Moiret et remariée à Etienne Clavel de Sain Bel ont vendu par acte notarial du 25 février 1896 chez Me Passeron à Monsieur Benoît Canet, prêtre et précepteur demeurant à Lavour (Tarn),
« un domaine lieu dit La Ponchonnière de 6 hectares 46 ares 50 centiares comprenant une maison d’habitation en très mauvais état et bâtiments d’exploitation de 1 hectare 79 ares 75 centiares, confiné au nord par la propriété Poix-Chatron, à l’est par le chemin vicinal de l’Arbresle à Savigny, au sud par un chemin rural, cour et bâtiment des époux Aimont et à l’ouest par bâtiments et aisances Rivet ; en deuxième lieu un tènement de pré clos de haies et autres prés à la suite de 1 hectare 39 ares 95 centiares confiné à l’ouest par 1a chemin vicinal, au midi par le pré des héritiers Peillon à l’est par des terres à M. Sainclair ; et en dernier lieu un tènement de terre et prés de 3 hectares 26 ares 84 centiares confiné à l’est par le chemin vicinal, au sud par le surplus du même fond restant à vendre et à l’ouest et au midi par le fond de Rivet »
Monsieur Benoît CANET a revendu le domaine au cours de la décennie suivante aux époux Chatelain/Guignard, biscuitiers à Cloyes dans les Vosges.
Une vente par expropriation à la demande d’entrepreneurs de l’Arbresle et une adjudication faite à Me Micollier, avoué lyonnais au profit de M. Simon Foncelle, négociant à Lyon (acte reçu par Me Cozonna le 20 juin 1912).
Le 20 février 1919 en l’étude de Me Genevés, notaire à l’Arbresle, M. Simon Foncelle et Madame née Jeanne Marie Delpierre ont vendu ce domaine à M. François Charles Oger, domaine qui est occupé actuellement par sa fille et son gendre, ce qui met un terme à cette histoire locale.
Un mot encore pour signaler qu’un bâtiment mitoyen comprenant maison d’habitation et exploitation a passé par voie d’héritage des époux Aimont-Pignard, cordonniers à Lyon, aux époux Volay-Aimont puis Volay-Cordier avec descendance actuelle.
Antoine Meunier