Les moulins de L’Arbresle
Résumé
Sur la seule commune de l’Arbresle ont existé quatre moulins à blé, auxquels il faut ajouter des battoirs à chanvre.
Sur la Turdine on compte trois moulins :
D’aval en amont :
1 – Le moulin « seigneurial » (Martinière, Bellot, Jean Perret, Pierre Pein en 1646, Pierre Matelin en 1744, Perrin en 1873, Malosse jusqu’en 1975)
2 – Le moulin « Dumas » (Gantillon en 1668, Jean Magat, les héritiers de Jean Magat en 1705, Claret de Fleurieu en 1710, Dumas en 1737, Chanel en 1862).
3 – Le moulin « Valous » (Berthier en 1862)
Sur la Brévenne, un moulin :
4/ Le moulin de la Court
I – Moulin seigneurial (rive droite de la Turdine)
Ce moulin était situé en-dessous du château de l’Arbresle à peu de distance du confluent ou la Turdine se jette dans la Brévenne. Les bâtiments existent encore transformés en habitation.
Le plan de l’Arbresle de 1750 montre l’emplacement du moulin et du battoir à chanvre
Très ancien, ce moulin a fonctionné jusqu’en 1975 : « Moulin Malosse ». En 1590, il appartenait à Jean de la Martinière, propriétaire du Muzard à St- Germain. Ensuite à un « sieur Bellot », puis Jean Perret qui le vend à son tour en 1646 à Pierre Pein, marchand « bolangier » de l’Arbresle.
5 août 1646 – Vente par le sieur Jean Perret d’un moulin à Sieur Pierre Pein marchand bolangier de l’Arbresle (ADR 8 B 975) , « moyennant la somme de 1800 livres tournois à payer à la saint Martin prochaine » (11 novembre).
L’acte de vente écrit sur parchemin détaille les biens vendus et chose assez rare un dessin sur l’angle supérieur gauche accompagne le texte.
En-tête del’acte de vente
Sur l’en-tête et dans un soleil les lettres IHS (Jesus Hominum Salvator) et MRA (Marie), une croix et une fleur. Un cœur percé des trois clous de la crucifixion ; Sur le pourtour l’inscription : sit nomen domini benedictum ?? sola soli . similima qui peut se traduire par « Qu’il soit le nom du seigneur, béni. Elle seule (Marie ?) est semblable au soleil ».
En haut à droite la lettrine A (début de la phrase : A tous ceux qui ces présentes.. ), est formée de deux branches qui entourent les armes parlantes de l’Arbresle : un arbre et deux étoiles. Du pont « sappéon » débouche la rivière la Turdine. La roue à aubes du moulin est alimentée par l’eau conduite dans le bief à partir de la levée. A noter que l’eau arrive en-dessous de la roue ce qui donne moins de puissance que si l’eau arrivait par-dessus. A droite du moulin est représenté le battoir à chanvre.
Sur la gauche en haut le pigeonnier et sa girouette et plus bas les maisons d’habitation.
Extrait de l’acte de vente
« A tous ceux qui ces présentes
verront, nous garde du Scel1 commun royal estably en la ville et sénéchaussée
de Lyon, scavoir faisont. Que pardevant Charles Guérin, notaire tabellion
royal Gardenotte2 héréditaire résidant en la ville de Lyon soubsigné,
présents les témoins aprés nommés, Personnellement estably sieur
Jean Perret bourgeois de Lyon lequel de son bon gré pour sa condition
meilleure et autrement. Car ainsi faire lui plait, a vendu ceddé quitté
remis et transporté comme par les présentes il vend cedde quitte remet
et transporte purement et simplement et irrévocablement, promet maintenir
et faire jouir en paix envers et contre tout, de toute éviction générale
et particulière à Sieur Pierre Pein marchand bolengier de
Larbresle présent acceptant et acquérant à son profit et des siens
successeurs quelconques A scavoir un sien dudict vendeur moulin
situé et assis au dessous le chasteau de l’arbresle que fut des
Martinière et après de sieur Jean Bellot, consistant en une
maison haute, le moulin au dessous. Un grand et un petit garnis
de leurs meules et autres attirails, un battoir à chanvre, grange, estable
et au dessus colombier, verger et vernes au-dessous avec un
fresnat3 ou champéage, joignant la limite de Turdine et jusque
au pont Sappeon joignant aux fausses brayes4 de vent, (…)
au profit dudit acheteur et des siens, moyennant le prix
et somme de dix huit cent livres tournois, laquelle somme de
dix huit cent livres tournois, ledit sieur Pein promet payer
audit sieur Perret ou aux siens, dans le jour et feste de
saint Martin prochaine venant. (…)
Fait et passé a Lyon rue Thomassin maison du sieur Mathieu Plagnard
citoyen dudit Lyon, appelée des Trois paniers d’or le
cinquiesme jour du mois d’Août, l’an mil six cent
quarante six avant midi .. »
En fait le paiement s’est échelonné avec un premier versement de 1500 livres le 6 janvier 1647, puis le 23 juillet 1648, le sieur Perret « confesse avoir reçu réellement et comptant en pistolles d’Espagne louis d’or ayant cours, du sieur Pierre Pein, la somme de trois cent livres pour reste et entier payement de la somme de dix huit cent livres, intérêts d’icelle ».
43 livres à noble Christophe de Chabannes ??
70 livres au notaire royal pour droits seigneuriaux.
L’Arbresle vers 1830
Vue du château depuis la croix de la Palma. Au premier plan le moulin et les bâtiments d’habitation .
Reconstitution du château et du bourg enfermé dans ses murailles, par Henri Duchampt, élève architecte, présentée le 11 février 1909, au salon de la « Société lyonnaise des Beaux-Arts ».
1691 – Dominique Zacarie est meusnier demeurant au Molin du sieur Pein
1744 – Pierre Matelin dit avoir « fait faire ce moulin » Il s’agit sans doute d’une extension du moulin.
1862 – Moulin à blé Moulin Nachury (état Statistique de 1862).
1873- Philippe Auguste Gonin appelle le moulin « moulin Perrin »
Pierre scellée en façade du bâtiment (réemploi ?)
Ancien moulin seigneurial sur la rive droite de la Turdine. La levée qui alimentait le bief. A gauche le bâtiment avec la sortie des eaux du bief en retour sur la rivière. Photo de 2013.
Dessin de Amédée Cateland. 1937. Au premier plan, le moulin
II – Moulin Dumas (rive droite de la Turdine)
Ce moulin a appartenu à Gantillon en 1668 alors que Benoist Zacarie était fermier5, puis Jean Magat est propriétaire en ?? et ses héritiers en 1705.
Déjà en 1705, Jean Zacharie mosnier, adjudicataire des héritiers de feu jean Magat aussi mosnier demande à être déchargé de l’adjudication pour cause de trop grands travaux à faire6.
En 1710, le moulin a besoin de réparations. Jean Zacarie, mosnier qui est fermier du moulin et tuteur des enfants de Jean Magat décédé, donne à prisfaict à honneste Jean Cury maistre reneyrant ? du Breuil, le travail de réparation.7
Hannibal Claret de la Tourette achète le moulin vers 1710. La même année il accuse réception du fermage.8
Plan de 1783, qui montre l’écluse avant le pont et l’emplacement du battoir à chanvre. Celui-ci était abrité dans un petit bâtiment comme le montre le plan en élévation. En aval du pont, l’emplacement des bâtiments du moulin. Entre le bief et la Turdine, une levée de terre sur laquelle se trouvaient des bassins à poissons.
1737 – Claret de la Tourette vend le moulin à Jean Dumas. « …un moulin à eau sis sous le grand pont de la ville, garni de deux bonnes meules, un battoir à chanvre, et les écluses et levées pour la prise d’eau desdits moulins …9
Marc Dumas est resté propriétaire jusqu’en ?? . Avant 1737, il était fermier du moulin appartenant à Pierre Cholier au moulin des Fours à Bully. Louis Zaccarie qui était fermier de Claret de la Tourette jusqu’en 1737 deviendra fermier de Pierre Cholier seigneur de Bully au moulin des Fours avec sa femme Andrée Régipas.
1862– le moulin est recensé sous le nom de « Moulin Chanel ».
Pierre scellée dans la chaine d’angle du moulin. « Maitre Jean Dumas 1734 » Pierre rapportée car Jean Dumas a acheté le moulin à Hannibal Claret de la Tourette en 1737.
Passage du bief sous le pont Sapéon. Le battoir à chanvre se trouvait sur la gauche du bief.
III – Grand moulin ou moulin « Valous »
Ce moulin se trouvait sur la rive gauche de la Turdine le long de la Grande route de Paris à Lyon, à l’emplacement actuel du garage Renault. Un béal ou bief, prenait l’eau très loin en amont vers le lieu-dit Les Fours sur la commune de Savigny.
1752 : De Valoux afferme au sieur Giraud « ses moulins à blé et à huile, son battoir et une scie à eau ».
1770 : bail passé par Benoit Valous – Les moulins à bleds, huille, battoirs et fonds joints audit moulin sont affermés à Jacques Sinquin meunier et sous son autorité sa femme Michelle
1862 – Le moulin est recensé sous le nom de « Moulin Berthier ».
IV Moulin de la Court
« les murailles de l’Arbresle, complétées par des fossés de six mètres environ, laissaient extra-muros quatre faubourgs. Sur la rive droite de la Brévenne, c’était : au sud-est celui de la Madeleine, où se trouvait le xénodochion antique qui devint la léproserie, et sur la rive gauche celui de la Court où s’élevait un moulin dont les eaux de bief alimentaient probablement les fossés et les battoirs à chanvre placés près de la poterne des Epies. (Texte de 1873 de Auguste Gonin : monographie de l’Arbresle).
Pierre Forissier