Les guerres, conflits et invasions

L’occupation autrichienne

Résumé

Le début de l’année 1814 fut particulièrement difficile pour Napoléon. Le 31 mars, les alliés envahissent Paris, mais ils sont déjà à Lyon depuis le 21. Le 2 avril, Napoléon est déchu par le Sénat ; il abdiquera le 6 avril. Le 20 avril ce sera les célèbres Adieux de Fontainebleau à la Garde Impériale, puis le départ pour son nouveau et petit royaume, l’Ile d’Elbe

Le maréchal Augereau évacue Lyon le 23 mars et se ralliera peu après à Louis XVIII.

Les Autrichiens, après avoir forcé Augereau à la retraite, occupèrent Anse. D’Anse, ils s’avancèrent par les vallées de la Saône et de l’Azergues jusqu’à l’Arbresle et Tarare. Il est facile de comprendre l’exaspération des Tarariens et des Arbreslois à l’arrivée des Autrichiens. Le baron Gustave de Darnas, sous les ordres d’Augereau, était chargé de la défense du territoire, du côté de Tarare. Une petite troupe, descendant de la montagne de Moncey vers Tarare, vint attaquer les Autrichiens qui reculèrent. Mais, le lendemain, ils revinrent en force et s’installèrent dans la ville. Il en fut de même pour l’Arbresle et dans plusieurs villages voisins. A L’ArbresIe, beaucoup de soldats furent logés chez l’habitant.

Les vivres ont été fournis à ces diverses troupes au moyen de réquisitions. Mais la ration distribuée aux troupes étrangères était mangée en un repas et l’habitant fournissait le surplus.

Un ordre du comte de Salins, général de brigade de S. M. l’empereur d’Autriche, nous en fournit la preuve :

« Ordre de loger chez les habitants de la ville de Lyon et des villes occupées, les troupes des armées alliées et de les y nourrir, à savoir : le matin à déjeuner une soupe et un petit verre d’eau de vie ; à dîner une soupe, une demi-livre de viande par homme, des légumes, du pain, et une chopine de vin ; au souper la même quantité de nourriture. »  (22 mars 1814)

A L’ArbresIe, beaucoup de soldats furent ainsi logés chez l’habitant, les archives en parlent.

Signalons une lettre du vicomte de Saint-Trivier, écrite au château de la Tourette à Eveux, au mois d’août et adressée à M. le comte de Chabrol, préfet du Rhône, pour lui demander un allégement des obligations envers l’occupant.

Dans une autre lettre, le maire de L’Arbresle se plaignait d’avoir reçu des coups de cravache d’un capitaine autrichien. Le vicomte de Saint-Trivier devait protester avec force auprès du général autrichien de Frimont contre l’abus inqualifiable de cet officier.

Le dernier passage de Napoléon

L’empereur a donc abdiqué le 6 Avril 1814. Il a choisi son lieu d’exil : l’île d’Elbe.  Après être si souvent passé dans la région, il l’a traversée pour son dernier voyage.

La fatidique date de 1814 coïncide avec le dernier passage de Napoléon à l’Arbresle. Après sa première abdication, l’empereur s’arrêta en effet dans notre petite ville, située sur cette route, tant de fois parcourue par lui, et « étonné, pour emprunter le langage de Bossuet, de se voir traverser en des appareils si divers et pour des causes si différentes ».

L’abbé Valin  écrit : « Devant l’hôtel de la Couronne j’ai vu, dans sa voiture, le premier empereur attendre le déclin du jour, pour n’entrer à Lyon que dans les ombres de la nuit. Et quand je pense à ce redoutable conquérant, qui s’en allait en exil à travers la France, escorté seulement de cinq ou six gendarmes, je ne puis m’empêcher de dire que Dieu châtiait son ambition et que la France était lasse de l’Empire. Il est vrai que, à son retour de l’Ile d’Elbe, ses soldats sur la route de Bourgogne auraient percé de leurs armes quiconque eût montré « cocarde blanche »

Le programme du voyage de l’empereur, pour atteindre Lyon, avait été réglé sans lui, et comportait plusieurs étapes ; la première après Roanne était Tarare, la deuxième l’Arbresle, la troisième Fleurieux-sur-l’Arbresle, la quatrième La Tour de Salvagny, enfin Lyon.

Arrivé au  «Poteau »,  Napoléon descendit de voiture, avec ses deux compagnons d’exil. II fit le tour du plateau et regarda le paysage. Puis, se tournant vers les jeunes gens qui l’avaient suivi pendant une demi heure, il leur dit : « Et maintenant, mes amis, retournez à l’Arbresle et dites à vos compatriotes que l’empereur s’est arrêté ici et qu’il a regardé avec plaisir ce beau panorama ».  Et il remonta dans la voiture, qui fila en direction de Fleurieux.

Le lendemain matin, après un déjeuner sommaire à Fleurieux, désireux de ne pas arriver de jour à Lyon, dans la crainte d’être reconnu, l’empereur fit sa dernière halte à La Tour de Salvagny.

Le retour de proscrit

Napoléon resta moins de 10 mois dans son petit royaume.

Il y laissa un très bon souvenir car il améliora considérablement les équipements de l’île et le bien-être des habitants.

On connaît cette brillante remontée vers Paris, depuis Golfe Juan et les Cent jours qui suivirent. Ils se terminèrent par l’humiliante défaite de Waterloo et l’exil définitif à Sainte-Hélène.

Les occupants Autrichiens revinrent à l’Arbresle en 1815. A deux reprises, donc, toutes les communes du département furent ainsi inondées de Kaiserlichs, (impériaux) comme on disait couramment, qu’il fallait loger et nourrir en partie. Et les impériaux avaient gros appétit !

A L’Arbresle, la garnison était nombreuse, certains campaient à l’emplacement du stade actuel. C’était des Croates appartenant à l’armée autrichienne. A Eveux, on parle de 400 soldats, Ils s’étaient installés en partie dans les communs du château de la Tourette chez M. de Saint-Trivier.

Les Autrichiens quittèrent la région dans la première quinzaine de décembre 1815. La région était ainsi libérée.

B. Isnard